VLADISLAV DELAY QUARTET
(Honest Jons Records)
Le premier morceau nous prend par surprise, comme une caresse à rebrousse-poil… On s'attendait à de longues volutes ambient-dub et/ou à de subtiles dérives électro-acoustiques telles que Vladislav Delay en distille en trio (avec Moritz von Oswald et Max Loderbauer), mais apparemment, en quartet, avec Derek Shirley, Lucio Capece et Mika Vainio, l'orientation musicale est clairement plus post-industrielle. Ils ouvrent donc les hostilités avec une composition qui nous ramone les oreilles comme du papier de verre… Un tunnel de son brut, rêche et dense. Le deuxième titre est empli de quelques stridences guitaristiques qui "s'accordent" sur des rythmiques éparses. Il s'en dégage une ambiance "ferroviaire" : les tortures qu'ils infligent à leurs machines et instruments (clarinette, contrebasse, batterie) évoquent au final les crissements d'un train, la compression d'un moteur et les tensions électriques qui accompagnent les manœuvres de ces monstres mécaniques. L'écho qui souligne le beat disloqué sur le 3ème titre renforce cette sensation de spatialisation du son. Un son qui se brouille et devient parfois plus abstrait lorsqu'une rythmique synthétique et saturée prend la "tangente" ("Hohtokivi", "Louhos"). Mais plus que l'industriel, c'est dans la musique improvisée et le jazz, "libre", que cette production s'enracine tant par son nom que par les cordes et sonorités cuivrées qui reprennent le dessus sur des compositions comme "Killing the water bed" dont on imagine, également, la force persuasive et "percussive" en concert.
Laurent Diouf
Mai 2011