The Orb

THE ORB
"Abolition Of The Royal Familia"
(Cooking Vinyl)

Tiens, un nouveau The Orb ! Et le titre est prometteur, d'autant que ça commence à sentir fortement le sapin chez les Windsor et consorts… Précisons qu'Alex Paterson est ici en solo sur ce nième album disponible en multiples formats. Bon, alors, voyons — ou plutôt écoutons — ce qu'il en est. Et bien, ça commence mal ! Le bon docteur nous assène un titre funky soul aux relents indigestes, limite années 80s. Un cauchemar. Sur le coup, on vérifie d'ailleurs que l'on ne s'est pas trompé de disque… Non, hélas, et ça continue sur cette tendance très funky avec une intro qui, allez savoir pourquoi, nous évoque la BO de Midnight Express… Les vocaux sont réellement insupportables. La chose s'intitule "House Of Narcotics (Opium wars mix)". Ce n'est pas la guerre à l'opium, mais aux vocalises qu'il faut réactiver d'urgence !
Le troisième titre contient aussi des voix, mais samplées et vocodorisés. Cela va un peu mieux pour nos oreilles délicates (joke) d'autant que la rythmique, plus martelée, nous éloigne de cette soupe FM. Mais, bon… Le morceau suivant offre un tempo un peu plus clubby, pas trop, mais perturbé par quelques zigouigouis acidulés un peu pénibles… Avec "Pervitin (Empire culling & the hemlock stone version)" on se détend enfin sur de l'ambient (on désespérait presque), très acoustique avec une lecture de texte français en surimpression. L'essai est transformé dans la foulée, juste après une intro qui joue avec un balayage radio, pour nous entraîner ensuite dans une longue et profonde ambiance relaxante comme un neuroleptique. Mais cela ne dure pas.
Changement de décor avec "Shape Shifters" qui commence par des envolées cuivrées, genre lounge et bar-club… On décroche, on bâille, on a envie de fuir, on cherche une excuse pour s'éclipser discrètement... Même avec quelques samples russes éprouvés, mais discrets en arrière-plan, on reste hermétique. Et puis, sans crier gare, le morceau bascule à mi-parcours dans un combo reggae-dub assez classique. La piste faisant 10mn, c'est comme si deux compos avaient été collées, sans forcement de cohérence. Cette couleur reggae-dub, teintée par quelques samples de bon aloi, se retrouve sur les morceaux suivants (cf. "Ital Orb"). Mais à notre grand regret, pas d'ambient-dub, ni de dub-techno.
Un peu plus loin, "The Queen Of Hearts (Princess Of Clubs Mix)" présente un aspect plus fluide, qui nous évoque cette fois la drum-n-bass atmosphérique comme en distillait PFM dans les années 90s par exemple. Mais la persévérance finit par payer. Le 12e et dernier titre — "Slave Till U Die, No Matter What U Buy (L'Anse aux Meadows Mix)" - nous offre enfin ce que l'on attendait : une longue dérive animée d'une légère pulsation, avec des ondulations et une frise mélodique. Et surtout des samples qui résonnent involontairement avec l'actualité (il y est question d'état d'urgence, de couvre-feu et une voix répète avec insistance "stay in your home"…). C'est le seul titre en tout cas qui nous a vraiment capté sur cet album bien loin des glorieuses années de The Orb.

Laurent Diouf
wtm-paris.com, avril 2020

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