On en conviendra dès la première histoire ("La rentrée") de son nouveau recueil de nouvelles intitulé Les garçons de l'été, il y a toujours eu chez Ray Bradbury, à l'image de la vie, un mélange de mélancolie et de cruauté… Un arrière-goût amer que l'on a coutume de masquer sous les mots "poétique" et "onirique" avec lesquels on qualifie habituellement son œuvre. Certes, son étoile commence à pâlir (ce monstre sacré totalise 84 printemps !) et cela explique sans doute sa prédilection pour des thèmes comme la vieillesse, l'innocence perdue ou la trahison, mais pour peu que l'on fasse momentanément abstraction de ses livres dont l'ombre plane toujours sur la science-fiction des années cinquante (les fameuses Chroniques Martiennes, Fahrenheit 451, Les pommes d'or du soleil et Le pays d'Octobre), on y retrouve une lumière singulière qui nous arrache un sourire triste (cf. "Le dragon danse à minuit", "La grande tournée d'adieu de Laurel et Hardy sur Alpha du Centaure" ou "L'accumulateur F. Scott/Tolstoï/Achab", par exemple…).
Laurent Diouf
MCD #22, octobre 2004
Ray Bradbury, Les garçons de l'été (Flammarion / coll. Imagine, 2004)