Pour mieux mettre en valeur leurs arguments, les partisans du "libre numérique" se plaisent à souligner l'inanité du copyright en matière culturelle. Ces "pirates" caricaturent l'arsenal répressif qui se met en place pour contrer les copies de logiciels et de fichiers musicaux, en imaginant une société où le prêt des livres serait taxé, voire interdit, au nom de la propriété intellectuelle et de la prohibition de l'échange… Extrapolant à son tour cette hypothèse, Claude Ecken développe une nouvelle où Le Monde serait tous droits réservés (premier récit d'un recueil éponyme préfacé par Roland C. Wagner et publié chez Le Bélial'). Un monde où l'information, du simple fait divers au reportage socio-politique, serait préemptée et griffée par les différents organes de presse; soumise à des contrats d'exclusivité comme n'importe quel autre "produit"… Ce qui rassure, malgré tout, c'est qu'il y aura toujours des objecteurs de conscience, des résistants au nouvel ordre économique mondial. Cela dit, les autres textes, s'ils dépeignent un futur proche pas très réjouissant, explorent des thématiques variées. Il y est ainsi question de sélection génétique, de clonage, de voyage astral via des entités extraterrestres, de trou noir, de cosmonaute à la dérive et d'une dernière auberge avant le grand recommencement…
Laurent Diouf
MCD #28, printemps 2005
Claude Ecken, Le monde, tous droits réservés (Le Bélial')