THROBBING GRISTLE est un groupe fondamental. Le point nodal de la musique industrielle. Cette histoire, racontée par Eric Duboys dans Industrial Music For Industrial People, se forge au sein d'un collectif appelé COUM Transmissions qui passera assez vite du free jazz à des performances extrêmes, trash, en filiation avec celles des actionnistes (Otto Mühl, etc.). À titre indicatif, certaines scènes de Sweet Movies, le film de Dusan Makavejev, permettent d'entrevoir la nature de ce genre d'interventions…
C'est en empruntant tous les sens interdits (sociaux, intellectuels, politiques, corporels, sexuels…) qu'ils ont accouché, dans la joie et la douleur selon l'expression consacrée, d'une musique violente, agressive, dont les stridences et saturations résonnent encore aujourd'hui. L'aventure fut brève et violente : de 1975 à 1981. Mais les membres de TG ont poursuivi leurs expérimentations mentales, sociales et musicales.
Précurseur de l'acid-house, Genesis P. Orridge qui a désormais changé de sexe, reste l'épicentre de Psychic TV, et poursuit ses exhibitions lors de concerts épiques. Le couple infernal Chris & Cosey aligne une discographie conséquente sur CTI. Peter Christopherson reste l'ombre portée de John Balance au sein de Coil qui évoluera du post-indus romantique à une musique solaire, mais noire. C'est la mort de ce dernier, en 2004, peu après une re-formation sporadique de TG qui met provisoirement fin à cette histoire. LD
Laurent Diouf
publié dans MCD #43, nov.-déc.2007
Industrial Music For Industrial People, Throbbing Gristle par Eric Duboys (Camion Blanc, 2007)